Des prestataires de santé et acteurs associatifs formés par le projet Stream 2 en approches amicales jeunes et services conviviaux
Le projet Stream 2 « Jeunes en action pour transformer les normes du genre » piloté par l’Association Burkinabè pour le Bien Etre Familial a tenu du 09 au 11 Août 2023 à Ouagadougou une session de formation au profit de 20 prestataires de santé et acteurs associatifs en approches amicales jeunes et services conviviaux. L’objectif de cet atelier était d’améliorer l’offre de services conviviaux adaptés aux besoins des adolescents et des jeunes, sensible au genre et sans stigmatisation ni discrimination aucune.
Les adolescents et jeunes constituent des populations vulnérables en matière de santé sexuelle et reproductive. Leur accès aux services est quelquefois rendu difficile en raison des entraves qui peuvent provenir de l’attitude des prestataires de santé. L’ABBEF consciente de cet état de fait a donc initié cette session de renforcement de capacités des prestataires de santé et acteurs associatifs à travers son projet Stream 2 « Jeunes en action pour transformer les normes du genre ». Cette session de trois jours a consisté à outiller les participants sur les bonnes attitudes en matière d’offre de services, de counseling envers les adolescents et les jeunes. Elle a été présidée par Monsieur Youssouf BA chargé de plaidoyer et mobilisation des ressources monsieur, représentant le directeur exécutif de l’ABBEF.
La session de formation a commencé par une communication sur la clarification des valeurs au sujet de la sexualité des adolescents et des jeunes. Elle a été livrée par madame Aimée Sandrine Sanon/Segda formatrice et chef de service à la Direction Régionale des Enseignements Post-Primaire et Secondaire (DREPS). Son exposé a porté sur l’impact des attitudes de certains agents de santé qui constitue un frein à la fréquentation des services de SSR. Par ailleurs, la stigmatisation envers les jeunes, crée la peur d’être jugé. Cette stigmatisation pourrait entrainer des grossesses non désirées, des avortements clandestins à risques, des IST/VIH. La deuxième communication de madame Sanon a porté sur les droits de l’homme en général et les droits des jeunes en matière de la santé sexuelle et reproductive. Les droits sexuels englobent les droits de l’homme qui sont déjà reconnus dans les lois nationales, dans les documents internationaux sur les droits humains et les autres déclarations de consensus. « Ils comprennent le droit de toutes les personnes, sans coercition, discrimination ni violence, à tout, y compris l’accès aux services de soins en santé sexuelle et reproductive ; l’éducation sexuelle; le respect de l’intégrité corporelle; le choix du partenaire; décider d’avoir une vie sexuelle active ou pas. Des relations sexuelles consenties ; un mariage consenti; décider ou non d’avoir des enfants et de quand en avoir si on en veut; et mener une vie sexuelle satisfaisante, sans danger et agréable. » a-t-elle expliqué. Elle a ajouté qu’il y a des comportements malsains et contraire aux droits en santé sexuelle et de la reproduction (SSR) en occurrence le viol, l’inceste, le harcèlement sexuel et la pédophilie et bien d’autres. A la suite de la présentation de madame Sanon, le deuxième formateur, Simon Yaméogo responsable du centre d’écoute pour jeunes de l’ABBEF à Ouaga, a abordé les messages sur la sexualité. Il a alors expliqué que certains jeunes ont peur que leurs parents découvrent qu’ils fréquentent des centres de santés pour des questions de santé sexuelle et reproductive. Aussi, M. Yaméogo a évoqué entre autres raisons de l’accès limité aux services de SSR de ces derniers. Il s’agit entre autres du coup de la prestation, des grandes distances et des heures d’ouvertures des cliniques inadaptées à la disponibilité des jeunes surtout scolaires.
Yaméogo a poursuivi ses présentations avec le module sur les compétences en matière de communication et de counseling. A travers cet exercice les participants ont eu droit à une démonstration pratique, sur comment un prestataire de santé devra prendre en charge une jeune ou une adolescente venue pour un service de contraception par exemple. Des conseils ont également été donnés aux participants pour une bonne communication envers les adolescent-e-s et les jeunes. Il s’agit notamment de faire preuve d’authenticité qui constituent des sources d’informations factuelles et sûres, créer une ambiance d’intimité, de respect et de confiance, ne pas juger, proposer des choix et ne pas critiquer les décisions du client. Faire aussi preuve d’empathie, mettre le client à l’aise et lui garantir son intimité. Et également parler lentement et à un volume approprié afin de faire passer le message dans un langage clair.
La prise en charge des populations clé a fait objet de discussion
Au cours de la formation, la participants ont eu droit à une communication sur la prise en charge des populations clés. Cette présentation assurée par Dr Rajaonarivelo Andriamanana, coordonnatrice de l’Association African Solidarité (AAS) et médecin chef Camille de la clinique Oasis a permis de comprendre que la prise en charge des minorités constitue aujourd’hui une question de santé publique. Ces personnes vivent en communauté et sont souvent obligé de fonder des familles afin d’échapper au regard de la société et de ses préjugés. C’est pourquoi il est nécessaire d’en parler et surtout aux prestataires qui offrent des soins de santé, d’avoir un regard de santé publique en ce qui concerne leur prise en charge. Lors de sa présentation, elle a également expliqué que chez les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH), la séroprévalence globale du VIH était de 27,1% en fonction de la localité. Elle était de 26,6% à Ouagadougou, et de 28,3% à Bobo-Dioulasso. La prévalence du VIH chez les TS était de 6,8%. Cette prévalence varie suivant les localités également.
Cette session de trois jours a été jalonné de témoignages et de partage d’expérience sur le vécu des prestataires de santé qui sont confrontés quelquefois à questions difficiles de la part des clients. La formation a été le cadre aux uns et aux autres d’en apprendre sur la conduite à tenir face à de telles situations.
Aux termes de ces trois jours, les participants ont également fait la promesse de partager les connaissances acquises avec leurs collègues pour une meilleure prise en charge des jeunes et des adolescents ainsi que les populations clés.
Haoua MINOUGOU